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Mademoiselle Na.
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13 novembre 2016

Mademoiselle Na et le bain moussant

Voilà, la semaine est passée.

Mardi, enterrement l'après-midi. Bon diou qu'il faisait froid, on congèle dans les églises. Un petit vent bien glacé au cimetière. Et un rayon de soleil juste au moment où on arrive. Comme un joli signe.

En arrivant à l'église, j'avais mal au ventre, je me suis mise à flipper, et si j'ai besoin d'aller aux toilettes, est-ce qu'il y en aura à côté. Ma vie est toujours rythmée par mes crises de colopathie, c'est charmant. Un moment d'angoisse et hop.

M'enfin, c'est passé vite finalement.

Devant l'église, à mon arrivée, je vais embrasser les gens, je glisse un mot gentil, une parole un peu convenue "Elle est mieux là où elle est, elle est libérée, elle n'en pouvait plus de souffrir blablabla". J'avais peur de me retrouver seule, car laissant les très proches ensemble, mais Joli Papa est là, et la cousine Sab que j'aime bien aussi. Elle est toute seule, nous restons donc toutes les deux. Cette fille a le coeur sur la main, et un caractère bien trempé.

Pendant la cérémonie à l'église, je pense à tout un tas de choses. Au froid qui me glace les doigts, que je cache de mon mieux dans mes manches de pull. A l'église, à son architecture. De jolis vitraux, j'ai toujours aimé les églises. A ce que dit le curé, à mon éternelle incompréhension, mais comment peut-on croire à ça. Aux guerres de religion.

A mon concert de dimanche, j'ai tellement hâte. Au paradoxe qu'il y a à chanter du gospel quand on est athée. Au fait que le gospel c'est tellement plus swag que les chants à la con noix en latin. Au fait que j'ai bien fait de me mettre tout au bout du rang, je vois moins le cercueil.

Je me fais quelques blagues de temps en temps. Je vois que je ne suis pas la seule, et je me rappelle que cette famille, même dans les moments les plus douloureux, a toujours su rester dans l'humour.

Je serre les dents quand ma demi-soeur pleure un peu trop, je lui rends un sourire triste, un sourire qui dit "je suis là, juste derrière toi". Je l'embrasse, je lui passe la main dans le dos et des mouchoirs.

Au cimetière, c'est encore pire. Le côté cérémonieux de l'église lui enlève une partie de sa difficulté je trouve, on n'est pas tout à fait dans le réel. Pas comme quand on laisse glisser un cercueil au fond d'un trou. Là on est dans le corps, dans le vrai, dans les sens.

Ma gorge me brûle de plus en plus, j'ai peut-être un peu trop poussé ma voix la veille au gospel. Ou alors j'ai chopé une angine.

Rentrée chez moi après tout ça, je suis triste évidemment, fatiguée, et surtout j'ai des frissons et de plus en plus mal à la gorge. Je valide l'hypothèse angine en voyant l'état de mes amygdales.

Beurk.

Le soir, nous avons un repas au resto, avec un voisin-ami. Le dîner est très bon, mais je me sens de plus en plus mal, et ma gorge me brûle comme jamais. J'ai l'impression d'avoir des épingles enfoncées. Le digestif à l'amande m'anesthésie un peu.

Au retour, le voisin-ami monte me déposer un tube de pastilles pour la gorge. Je prends un paracétamol et une pastille et je m'endors assez vite. Mais réveillée vers minuit, avec la gorge en feu et une sensation bizarre. Je frissonne. Et puis au bout de quelques minutes, les frissons se transforment en réels tremblements. C'est étrange parce que je n'ai pas du tout froid, mais je tremble de partout. Je me lève pour aller me mettre dans le canapé. J'ai aussi des nausées et mal au ventre. Je me dis que peut-être tout ça a un peu à voir avec une crise d'angoisse, autant qu'avec l'angine.

Je me mets devant un truc drôle à la télé, histoire d'attendre que ça passe, et je finis par me rendormir pour me réveiller à 6h15 le lendemain, trempée de sueur mais relativement en forme. Je n'ai plus de fièvre, et toujours mal à la gorge mais moins. J'ai une seconde d'hésitation avant de décider d'aller bosser quand même. Une aspirine et en route!

En première heure, je dois mener une réunion, qu'on appelle Equipe de Suivi de Scolarisation, pendant laquelle le jeune est présent avec ses parents, et tous les intervenants sont là aussi. L'ESS se passe bien, je gère plutôt bien, avec le temps je me trouve meilleure dans ce rôle.

La fin de matinée, je suis en sport avec un collègue éduc et un petit groupe de jeunes très déficients. Nous partons pour 2 heures de balade en forêt, avec arrêts champignons (non, on n'a pas le droit de leur en faire consommer, on ne le fait pas) et "mise en danger" relative dans un espace où les fougères font une fois et demie ma taille. Ca leur permet d'apprendre à gérer leurs émotions, et d'être obligés de coordonner le regard et la marche. Enfin bref, on appelle ça "le moment KohLanta" de la promenade, et c'est un moment joyeux et drôle. Marcher dans les bois me fait du bien au moral. Le même effet qu'un bon bain moussant, ça relaxe et ça aère.

Tiens, je vais proposer ça à monsieur Na pour cet après-midi, une bonne balade en forêt.

Mercredi après-midi, je suis censée faire plein de choses, bosser évidemment, pour préparer ma semaine à venir, et puis aller m'acheter un haut noir pour la chorale puisque pour le premier concert, les nouveaux choristes n'auront pas leur toge, histoire de faire la surprise d'arriver en cours de concert. Et comme je n'ai pas de haut noir, va falloir faire chauffer la carte bleue.

Mais je suis crevée par ma petite nuit, alors je déjeune vite fait et file me coucher, pour une sieste réparatrice de 2heures. En fin d'après-midi, Foni passe me voir, avec une belle quiche aux poireaux.

Nous parlons beaucoup, de ce qui ne va pas, chez elle, chez moi. Ca me fait beaucoup de bien de pouvoir lui dire que je ne vais pas bien, que j'ai des angoisses etc. Nous prenons la résolution toutes les deux de prendre les choses en main et d'aller voir un psy. Elle, de reprendre contact avec celui qu'elle voyait. Moi de demander un contact au Petit Chose.

A vrai dire, j'ai déjà repéré une psy que j'aimerais bien voir. Je l'ai croisée en formation, en conférences, et denrièrement ce jeudi lors de la formation au boulot sur la vie affective et sexuelle des jeunes. Elle est jeune, elle est drôle, elle est cash, elle ne se cache pas derrière son petit doigt comme on dit chez moi, et elle est très pertinente. Le Petit Chose me dit même qu'elle est vraiment brillante, et beaucoup plus calée que lui.

Je regarde sur le net et ne trouve pas l'adresse de son cabinet en libéral. Jeudi soir, après la formation, je suis tout à fait sûre d'avoir envie de la voir, elle. J'en parle donc au Petit Chose qui me confirme qu'elle consulte en libéral, et pas très loin de chez moi en plus. Il me propose de me donner son numéro, ce que je refuse par une pirouette (je ne suis pas prête, pas tout à fait, il faut encore que je réfléchisse un peu, et surtout, nous sommes entourés de tous les collègues). Je prends la résolution de lui redemander son numéro lundi.

Ce sera le premier pas, il faudra ensuite avoir le courage d'appeler, puis celui d'y aller vraiment... et surtout d'accepter de me livrer.

Jeudi soir, nous passons voir les amis qui ont perdu leur bébé. Ils sont à fond dans un projet de rénovation chez eux, changement de parquet, nouvel aménagement. Le projet leur fait du bien. Les occupe. Surtout elle qui est encore en congé maternité. Ils ont décidé de partir à l'étranger pour la date qui était prévue pour le terme normalement. C'est une bonne idée. Ils gèrent plutôt bien leur deuil pour le moment. Elle m'a demandé de venir avec elle mettre une fleur au jardin du souvenir, car son mari n'est pas prêt. Je le ferai, bien sûr même si je sens que ça va encore être difficile pour moi.

La soirée se termine tard, avec beaucoup d'alcool. On rit, on chante, on papote, on s'amuse, bref, on vit, le plus possible.

Vendredi, c'est mission crédence. J'en ai marre que mon cher Monsieur Na aille toujours faire des tas de travaux chez les autres, et que chez nous passe après. 3 ans et demi qu'on est installés dans notre appart, et toujours pas de peinture ni de crédence dans la cuisine, et des rideaux temporaires tout moches dans le salon... Je râle un peu, aidée par les amis qui taquinent Monsieur Na, jusqu'à ce qu'il accepte d'aller voir enfin en magasin.

Nous voici donc chez Casto, armés de bonne volonté. Notre premier arrêt se fait au rayon Tringles à rideaux. Pas si simple de se mettre d'accord, mais nous quittons le rayon avec deux tringles sous la bras. Nous utiliserons les rideaux blancs que nous avons pris pour notre Cérémonie Laïque en attendant de voir si on en prend des neufs colorés ou pas, et la longueur qu'il faut prendre.

Deuxième arrêt : peintures.

Je pars assez confiante, nous sommes d'accord tous les deux pour prendre du bleu.

Oui, mais voilà, comme d'habitude, Monsieur Na et moi n'avons pas les mêmes références. Il veut un bleu vif, tirant vers le vert, genre caraïbes, je voudrais un bleu pâle qui tire sur le gris, plus dans la tendance scandinave... Ah je vous jure, c'est un sketch. Nous sommes tous les deux dans le rayon, crâne dévissé vers le haut pour regarder le nuancier. Je lui propose une teinte, il la trouve et me dit "non". Il me propose à son tour une teine, je la trouve, et bien entendu, c'est aussi "non". Pas une seule qui fasse compromis! Nous voilà bien.

En désespoir de cause, nous tentons les rayons des autres couleurs. Un gris "Laponie" trouve grâce à nos yeux à tous les deux. Bon, c'est pas du bleu, mais à voir avec la crédence.

Nous prenons donc un pot de Laponie, un de bleu Caraïbes, un de bleu Rêveur et nous voilà partis pour notre troisième arrêt : le rayon carrelage mural.

Je sens que Monsieur Na n'est plus à son top, il traîne des pieds, tire une tronche de six pieds de long, a les yeux mi-clos comme s'il n'avait pas dormi et souffle régulièrement, l'air de dire "Oh mon dieu mais je suis tellement épuiséééééééé, je vais mourir je n'en peux plus". Comme un ado. LE truc qui me rend dingue. Mais je prends sur moi, pour lui montrer les différentes crédences, tester avec les trois pots de peinture quelle serait la meilleure harmonie.

Nous finissons par tomber à peu près d'accord sur le carrelage Spada gris clair associé à son pot Bleu des Caraïbes. C'est un compromis, mon carrelage préféré, la couleur de Monsieur Na.

Comme nous n'avons pas les moyens pour le moment, nous planifions l'achat à janvier, pour profiter des potentiels petits chèques récoltés, et commandons un échantillon du carrelage pour voir ça en contexte.

Si dans le magasin, Monsieur Na a l'air d'être au bout de vie, dès la sortie sur le parking, hop le revoilà en pleine forme, les yeux grand ouverts, à blaguer et trottiner... Mouais.

Au retour, je reçois un mail de la chorale, qui précise qu'il faut aussi des chaussures noires pour le concert. Ah oui mais moi je n'ai pas de chaussures noires d'hiver. J'ai du bordeaux, du marron, du blanc, du gris, mais pas de noir. Et je n'ai toujours pas trouvé de haut non plus.

Me voilà donc lancée dans une nouvelle mission : à la recherche de la tenue parfaite noire pas trop chère.

Le compte en banque n'aura pas tellement apprécié cette semaine...

Moi, je vais un peu mieux. Parler de mes angoisses m'a soulagée. Décider d'aller voir la psy aussi, même si je reste flippée.

Ce matin, j'ai bossé 4heures, pour rattraper ce que je n'avais pas fait mercredi. Je suis contente de voir que tout le boulot que j'ai fait pendant mes vacances m'a bien avancé. Je suis satisfaite de ma préparation, ce qui n'est quand même pas si fréquent.

Pendant ce temps, Monsieur Na a joué à la console, il y est encore. Je l'entends râler, s'énerver, ronchonner. Je sens qu'il va être d'une humeur de dogue allemand. Je viens de lui dire gentiment "Mon chaton, ça fait bien 4h30 que tu joues là." "Ouaiiiis, je sais, je vais arrêter. Mais putain c'est pas possible, il a raté la balle encore."

CONSOLE DE M*****

Ah, il vient d'effectivement arrêter de jouer et de débarquer dans le salon en mode "Je chantonne lalala parce que je suis très énervé laalalalala mais je fais semblant de ne pas être énervé lalalala parce que je sais très bien que si je montre que je suis énervé, ma femme va me renvoyer dans les dents que j'avais qu'à moins jouer".

...

Ca n'a pas raté, on vient de se disputer. Il m'a dit qu'effectivement il avait trop joué, et que pour se détendre, il allait aller faire une pétanque avec les voisins. J'ai suggéré que sinon, on pouvait faire un truc tous les deux, une balade en forêt, parce que ça fait quand même quelques temps qu'on n'est pas trop ensemble, ce à quoi il m'a répondu " Bah tu plaisantes, on est ensemble tout le temps!!".

Oui, parce que moi, "être ensemble", c'est pas juste aller faire des courses tous les deux, c'est aussi passer des moments agréables, des moments de qualité, des moments intéressants. Tous les deux, pas comme depuis une semaine, avec des amis tous les soirs.

Bon, je vais y aller, je crois que du coup l'après-midi que j'avais imaginé en mode "Promenade en amoureux le long de l'eau ou en forêt" va se transformer en "je prends un bain très chaud puis je vais me promener toute seule pendant que Monsieur joue à la pétanque".

Super.

Allez, au bain, je vais mettre plein de mousse, ça sera chouette.

Ca détend bien, ça, la mousse. Et puis ça sent bon, meilleur que l'odeur de son cou?

bain-moussant

 

 

 

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Commentaires
G
Aaah un bon bain chaud ... Rien de tel :)<br /> <br /> Bon concert pour dimanche, avec un peu d'avance ;)
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Mademoiselle Na.
  • Mes histoires de chaussettes dépareillées, mes petites culottes en dentelle, mes longues conversations avec mon écureuil intérieur. Je cause, je papote, je bavarde, je m'épanche, je raconte. Na.
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