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Mademoiselle Na.
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18 avril 2017

Mademoiselle Na et les petits morceaux

Samedi d'avant, j'ai donc fait mes valises, pour partir quelques jours, pour le laisser "travailler" tout seul.

Certainement le truc le plus douloureux que j'ai fait de ma vie.

Je n'arrivais pas à partir. Mes affaires étaient sur le pas de la porte, et moi dans mon fauteuil. J'ai inventé un prétexte, j'ai dit que l'appart' ne serait disponible qu'à partir de 16h, ce qui n'était ni complètement faux, ni complètement vrai.

J'étais assise sur mon fauteuil dans le salon, lui dans le canapé à regarder un truc sur Netflix. J'avais l'impression qu'il s'en foutait.

Et puis j'ai explosé en larmes, devant lui, alors que je m'étais promis de ne pas le faire. Et il m'a tendu les bras, m'a dit " Viens" et m'a serrée contre lui. On avait l'air cons, à pleurer tous les deux comme ça.

Je me suis rassise dans mon fauteuil.

Il est sorti quelques minutes sur le balcon et en rentrant, il souriait. C'était bizarre, j'avais l'impression que même son visage s'était radouci, il souriait même dans ses yeux.

"Pourquoi tu souris?" (ça te fait rire????) "Je souris parce que j'ai pas envie que tu partes." "C'est vrai?" "Oui, c'est vrai, j'ai envie que tu restes. J'ai besoin de toi."

Oh mon dieu, jamais je n'ai autant dit cette phrase "oh mon dieu".

Nous avons parlé, longtemps. Je lui ai dit que je lui avais fait du mal, sans m'en rendre compte, sans le faire exprès, en m'éloignant. Il disait non, mais a fini par l'admettre. Je lui ai demandé de me pardonner, et il l'a fait. Et je lui ai dit que moi aussi il m'avait fait du mal, avec cette histoire de l'autre pute meuf, et que je lui pardonnais.

Il m'a dit "J'ai peur que la confiance soit fichue." " Ah ben évidemment qu'elle est fichue la confiance (je me suis énervée là), mais bordel c'est à toi de la reconstruire (j'étais juste trop heureuse qu'il parle de ça, parce que jusque là il ne savait même pas s'il voulait continuer à faire quoique ce soit avec moi, et parler de la confiance, ça voulait dire qu'il se projetait) , et ça va prendre du temps mais si on a la volonté tous les deux, ça va le faire."

"J'ai eu des contacts par sms cette semaine avec l'autre pute Amélie. Elle me demande comment je vais, c'est la seule à s'intéresser à moi, mes potes ne m'envoient même pas de messages."

"Ah ben là par contre je vais être très claire avec toi, ça va pas être possible. (je me suis énervée là aussi) Je veux bien être compréhensive, chercher des solutions, des explications, te soutenir et tout ce que tu veux mais je suis pas un pigeon, faut pas se foutre de ma gueule non plus. Je veux bien que tu aies besoin d'amis qui te soutiennent, mais ça ne peut absolument pas être cette meuf-là. Il va falloir que tu me respectes, que tu poses tes couilles sur la table et que tu sois un peu courageux bordel de merde, parce que moi je porte tout depuis une semaine, mais là il n'y a que toi qui peux agir. C'est juste hors de question que tu continues à avoir des contacts avec elle."

"Oui, c'est vrai, tu as raison. C'est pas facile mais je vais le faire, je vais la virer de ma vie."

Nous avons encore parlé, de tous ses problèmes, de toutes les choses qui le traversent en ce moment. Il a dit " Je dois régler tout ça."

"Je sais, et moi j'ai juste envie de t'aider à faire ça, d'être à tes côtés. Par exemple, là j'ai envie de te prendre dans mes bras." "Hé ben viens".

Je l'ai serré contre moi, et il a eu ce regard tendre que je ne lui avais pas vu depuis longtemps.

"J'ai envie de toi", et nous avons fait l'amour, et je pleurais de joie et je riais, et je ne comprenais rien, et lui non plus, mais il y avait cette avidité à l'avoir contre moi, en moi, je n'en revenais pas de l'avoir retrouvé.

Dans l'ordre, il a d'abord dit "je ne veux pas que tu partes" puis "j'ai besoin de toi", "j'ai envie de toi" et "je te regarde comme si c'était la première fois". "Je veux avancer, et avancer avec toi." . "Tu m'as trop manqué."

Ca a marché ce que j'ai fait, de promener mon décolleté sous ses yeux, de ne pas lui dire clairement où j'allais, ce que je faisais, avec qui je sortais toute belle et bien maquillée comme ça. Il n'a pas tenu sans m'envoyer de textos, je lui manquais trop. Héhéhé. S'il avait su, que je n'étais pas sortie dans un bar comme je lui ai dit, mais chez une copine et que j'ai passé la soirée à pleurer en écoutant Toni Braxton et en mangeant des nounours à la guimauve.

Nous avons parlé d'ouvrir un nouveau chapitre. Les 12 premières années se sont faites avec certaines règles, nous allons faire les 12 prochaines différemment. Peut-être plus conscients, plus adultes. Entretenir le désir, savoir se manquer en se séparant de temps en temps pour une nuit.

Régler, chacun de notre côté et en se soutenant, nos problèmes liés à nos passés.

Qu'il me parle, absolument, obligatoirement de ce qui ne va pas, tout de suite, sans attendre, et que moi je l'entende, vraiment. Qu'il reprenne le sport, parce que ça lui manque trop, et qu'il a besoin de se dépenser.

Et puis le lendemain, après avoir fait encore beaucoup l'amour, avidement, sauvagement et avoir encore beaucoup parlé, " Je t'aime, ma petite femme". Le plus beau "je t'aime" de toute ma vie. Feu d'artifice.

C'est étrange comme son regard est redevenu d'un seul coup le même qu'avant. Tendre, aimant.

Le dimanche, nous sommes beaucoup restés collés, et puis nous avons fait une pétanque avec des amis, et tout avait l'air étrangement normal.

Sauf que dès qu'il me voyait un peu sombre, il me prenait contre lui et me serrait fort.

Lundi, j'étais en vacances. Je suis allée à la mer, pour voir ma créatrice, elle me fait une robe pour la communion de mon filleul,et nous avons beaucoup parlé. Elle a vécu l'infidélité aussi, mais son mec a couché une dizaine de fois avec l'autre meuf, qu'elle connaît. Il a nié pendant des mois, quand elle le harcelait de questions.

Situation différente, bien entendu, mais ça m'a fait beaucoup de bien de parler avec elle. De réveiller ma colère aussi, parce que jusque là j'étais surtout en empathie, et je n'avais pas laissé exploser ma colère.

Le lundi soir, gospel, j'étais épuisée, mais heureuse. Et le soir, je dormais chez une amie, sans lui, histoire de mettre en application ce qu'on s'était dit. Toute cette journée, on s'est envoyé beaucoup de messages. On a eu beaucoup de mal à dormir, lui comme moi.

J'ai eu des angoisses, assez fortes, me demandant s'il ne me mentait pas, s'il était vraiment chez nous seul, s'il la voyait, s'il pensait à elle.

Mardi, on s'est encore beaucoup textoté, et notamment en "s'allumant". Je lui ai programmé des envois de photos de moi de la plus "classique" à la plus hot, en me disant que ça allait faire monter le désir toute la journée, pour se retrouver le soir en mode "sauvages".

J'avais l'impression de le "tenir" par ça. C'est étrange, le sexe n'a jamais été notre meilleur domaine de compétences. Et là, le fait qu'il revienne à moi par ça, c'est étrange, surprenant.

Et du coup, j'avais peur que lorsque la période "lune de miel sexuelle" se termine, il reparte en vrille, et ne veuille plus de moi. Voilà, un petit morceau à recoller : ne plus avoir peur.

Tout la semaine, nous avons fait beaucoup l'amour. Nous avons acheté un salon de jardin, rangé la terrasse, bref réinvesti notre chez-nous.

Mardi soir, donc, je l'ai "invité" chez moi (dans l'appart que je squattais), et mercredi soir, c'est lui qui m'a "invitée" chez nous. Il avait mis les petits plats dans les grands, tout fait pour me faire plaisir, c'était juste parfait. Et il a remis son alliance.

Nous avons instauré ça, nous devrons de temps en temps, nous "inviter" l'un l'autre, en mode rendez-vous galant. Histoire de recoller le petit morceau de la séduction, et d'éviter la routine-ennui.

Ce week-end, je l'ai invité à mon tour à Guérande, dans le camping où nous avons passé toutes nos premières vacances d'amoureux, tellement heureux, tellement complices.

Ce week-end a été formidable, mais avec toujours de temps en temps quelques grosses bouffées d'angoisse. Est-ce qu'il m'aime, est-ce qu'il me ment, est-ce qu'il pense à elle, est-ce que si je ne fais pas l'amour ce soir il va repartir, est-ce que son regard est sombre, est-ce qu'il me cache quelque chose, est-ce que est-ce que...

Ce morceau là va être un sacré truc à recoller.

La confiance.

Vendredi soir, par exemple. Je le trouvais fatigué, l'angoisse est montée tout seule :

"Tu me caches quelque chose?"

"Non pas du tout, je suis juste crevé de ma semaine"

" promis?"

"oui je te jure"

"bah montres-moi ton portable alors"

"oui si tu veux"

"tu as hésité"

"non je n'ai pas hésité" etc.

Ce qui est douloureux, c'est de savoir que je n'ai que le choix de le croire, mais que jamais je ne pourrais avoir de preuve formelle qu'il me dit la vérité. Vérité cruelle.

Je n'ai pas le pouvoir d'être sûre de ce qu'il me dit.

Je pourrais devenir cette femme aigrie qui empêche son mari de sortir, lit tous ses sms, le suit, vérifie ses relevés de comptes bancaires, épluche ses factures de téléphone. Je pourrais appeler l'autre meuf pour la pourrir, enquêter sur elle, lui péter les dents, la menacer. Est-ce que ça m'aiderait? Pas vraiment.

J'ai regardé son portable, et ça ne m'a pas soulagée, parce que, s'il veut effacer des choses il le fera. Alors la seule option vraiment valable, c'est de décider de le croire, et lorsque je lui exprime mes peurs, mes doutes, qu'il fasse tout pour me rassurer.

Vendredi soir donc, il m'a envoyé un mms avec la photo du stade où il joue. Et un deuxième à la mi-temps avec des joueurs. Ca m'a touchée, il a vraiment pris en compte le fait que j'étais inquiète et ne s'est ni énervé, ni moqué. Il a fait en sorte de me rassurer.

Il le fait depuis, à chaque fois qu'il me voit sombre, il me demande de lui dire ce qui ne va pas, et trouve une réponse pour me rassurer. Les mots, c'est pas son fort pourtant. Il peut être dur, brutal, voire utiliser les mauvais mots.

Je me dis que depuis le début de cette crise, il ne m'a jamais caché où il en était, quitte à me faire du mal en me disant "Je ne sais pas si je t'aime encore", ou "Je crois que j'ai eu des sentiments pour l'autre femme".

Il n'a pas précipité les choses en me répondant "moi aussi" trop vite quand je lui ai dit que je l'aimais pendant qu'on re-faisait l'amour pour la première fois. Il a attendu d'en être sûr, d'être prêt pour me le dire, droit dans les yeux.

Aujourd'hui, à chaque fois qu'il me dit qu'il m'aime, je sens que c'est vrai, que c'est sincère, je le vois dans ses yeux.

Il a eu besoin probablement de cette crise pour vérifier que moi je ne l'abandonnerai pas comme l'ont fait tous ceux qui ont compté pour lui. Pour sortir du déni, et commencer un vrai travail sur lui.

Moi, je vais avoir besoin de temps, de preuves, de câlins, de mots, de sincérité, d'amis, de discussions, de projets, de rires partagés pour recoller mes petits morceaux à moi.

Voilà ce que j'aurais dû me souhaiter pour 2017 : un bon tube de colle.

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Commentaires
G
De tout cœur je te souhaite de recoller tous les petits morceaux ... Bisous
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Mademoiselle Na.
  • Mes histoires de chaussettes dépareillées, mes petites culottes en dentelle, mes longues conversations avec mon écureuil intérieur. Je cause, je papote, je bavarde, je m'épanche, je raconte. Na.
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