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Mademoiselle Na.
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12 février 2020

Trouver ma femme... ou comment Mlle Na parle de paons.

Vous le croirez ou non, c'est grâce à mon ostéopathe que je suis encore en train d'écrire.

En séance hier, elle a soulevé un point intéressant, "soulevé" étant un terme plutôt drôlement choisi si on considère qu'elle avait à ce moment-là deux doigts dans mon vagin, occupée qu'elle était à essayer de relever mon ovaire gauche "un peu trop absent".

Utérus trop à droite, ovaire droit trop présent, ovaire gauche en faiblesse, disparitioooon. Il paraîtrait que ça veut dire que, outre mes racines pelviennes trop nouées, les mémoires très anciennes trop envahissantes et mon coccyx en torsion, ma créativité ne s'exprime pas assez, je suis trop dans le "faire", pas assez dans "prendre le temps d'être".

"Qu'est-ce que vous pourriez faire si vous aviez du temps rien que pour vous? Un truc qui vous ferait vibrer vraiment, rien que pour vous?", elle a dit.

Chanter.

Méditer.

Ecrire.

Et voilà.

J'ai fini la deuxième saison de "Sex Education", quelle misère. J'adore cette série, déjà parce que c'est britannique et que cet accent me nettoie les oreilles de cette merde gutturale d'accent américain dégueulasse. Ensuite, parce qu'il y a Gillian Anderson, dans un rôle de Sex Therapist décalée absolument délicieux. Ce n'est pourtant pas mon style de femme, elle est blonde et filiforme, mais elle a ce charme magnétique un peu indescriptible qui la place dans la catégorie de celles qui apparaissent dans mes films érotiques mentaux.

J'aime cette série aussi parce que j'y apprends des choses. Hé ouais, pourtant je suis plutôt bien renseignée sur le sexe-le cul-la sexualité.

Mais il m'a fallu cette série pour comprendre que je suis pansexuelle.

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Ahahah - toujours aussi hilarante - non.

Pansexuelle, attirée par une personne, quel que soit son genre / son sexe.

Par des hommes, c'est classique.

Certaines femmes, un peu moins classique.

Un homme travesti une fois.

Un transgenre.

Certains hommes gays.

Mon éventail est large, c'est formidable, je ne serai jamais en rupture de stock de fantasmes.

Il aura fallu cet épisode pour que je saisisse ça.

Il en aura fallu un autre pour que je me rende compte que j'ai été agressée sexuellement plusieurs fois dans ma vie.

De ces "petites" agressions anodines. Pas faites en pensant à mal. Qu'on range dans l'étagère de "il s'est rien passé de grave".

La première fois dont je me souvienne, c'était avec mon ex-mari. Un soir, devant la télé, nous commençons à faire l'amour, et à un moment, il me demande de changer de position, de me mettre sur le ventre. Je sais qu'en me mettant comme ça il va finir très vite, et que son éjaculation signifie la fin du rapport, alors je lui dis "non". Il insiste " Allez s'il te plaît, j'ai vraiment envie". Je ne sais plus exactement comment s'est passé la suite. Il ne m'a évidemment pas contrainte physiquement, et en fait je pense qu'il ne s'est pas même pas rendu compte de ce qui m'arrivait, mais j'ai passé la fin de ce rapport à pleurer, avec lui qui se démenait dans ma chatte en même temps.

La deuxième fois, avec mon SF. Relation minutée, pas le temps. Il commence, et je lui dis "c'est hors de question que tu finisses si moi je ne finis pas". Il ne m'a pas écoutée, et a joui sur moi. Lui s'est rendu compte de ce qu'il avait fait. Il s'en est excusé plusieurs fois. Je me suis sentie utilisée, objectivée, sale.

Une fois en boîte, un type m'a embrassée "de force" : il est arrivé par derrière et m'a pris la bouche sans que je l'aie vu arriver. Et puis il a beuglé "Je veux te niquer toi!!". Son pote m'a payé mon Perrier pour s'excuser "Il est bourré, il vient de se marier".

Une autre fois, un gars que j'ai croisé dans un bar m'a touché les seins, à pleines mains comme ça. Un pote d'une pote. Je tenais une bière dans chaque main, je n'ai pas pu réagir tellement je n'ai pas compris ce qu'il se passait.

J'ai grandi dans un climat incestueux. Grand-Père, qui vivait 7 étages en-dessous du mien dans l'immeuble, avait plaisir à coller sa main dans la culotte des gamines. Je ne sais pas s'il m'a jamais touchée, je n'en ai aucun souvenir, mais en fait je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon enfance. Ce que je sais c'est qu'il ne m'aimait pas, mais qu'il aimait beaucoup ma soeur. Je suis heureuse qu'il ait souffert avant de mourir. Il aurait dû souffrir plus longtemps.

Voilà, j'ai pris conscience de ça, et ça m'a un peu chamboulée. Je suis féministe, avertie, engagée. Mais je n'ai jamais fait le lien entre ces épisodes et les mots "agressions sexuelles". Et pourtant, même maintenant, je me rends compte à quel point tout cela a eu un impact sur moi.

Je n'arrive toujours pas à entièrement me lâcher sexuellement. J'adore le sexe, je m'amuse énormément, j'y prends plaisir, je suis très ouverte et je considère comme habituelles des pratiques dont mes amies n'ont même pas entendu parler. Mais je retiens toujours mon plaisir, dès qu'il devient trop fort, je flippe et je change de position / je vire mon partenaire pour lui faire quelque chose à lui.

Je ne prends vraiment du plaisir sexuel que depuis deux ans. C'est peu finalement. J'ai découvert le désir avec mon SF. J'ai appris énormément avec Pépito, qui a cette qualité nécessaire et rare : il est vraiment à l'écoute de mon plaisir, et a du plaisir à me voir en prendre.

Depuis quelques temps, je suis à la recherche de MA femme. Celle que je suis, probablement à mi-chemin entre celle que je veux être et celle que je peux être. MA femme sexuelle, intellectuelle, émotionnelle.

Je construis, je déconstruis.

Je vais voir cette ostéo gynéco, parce que je sais que ma féminitié est à construire.

Je vois une masseuse énergéticienne qui me file de drôles d'infos "Vous avez quelque chose à la mâchoire, à droite. C'est en lien avec une vie antérieure. Et votre sacrum est complètement bloqué, c'est le siège de la féminité." Oui bien sûr.

Et l'ostéo qui, quand j'arrive, me "scanne", et, sans même m'avoir touchée, me sort "Vous avez quelque chose à la mâchoire, surtout à droite, c'est en lien avec votre sacrum, le souci vient de votre périnée, et du plancher pelvien, qui est trop noué, en lien avec des mémoires très anciennes." Ouais, la même chose quoi.

Surprenant.

Je sais que j'ai encore beaucoup de travail, beaucoup de choses à dénouer. Mon enfance, en premier lieu. Pourquoi est-ce que je n'ai pas de souvenirs? Le cerveau est bien fait, face à une situation trop stressante, il refoule tout, range dans un tiroir les trucs moches. Mais j'aimerais bien pouvoir me souvenir des choses heureuses. Je n'ai que des flashs, courts. Souvent quand ma soeur me parle d'un truc, je bugge. Mon cerveau a, en quelque sorte, été trop efficace. Et hop on jette bébé avec l'eau du bain. Nan, on avait dit "zapper les mauvais souvenirs", pas tous les souvenirs.

Aujourd'hui, j'ai fait un truc de vraie femme, j'ai annoncé à mon chef que j'allais démissionner. En voilà un choix, un vrai.

Bloquée depuis deux semaines par un gros lumbago. Le jour où je suis partie à McDo en pleurant et en espérant sincèrement me bloquer le dos pour ne pas avoir à y retourner, je me suis dit "ok on a un problème". Ce travail n'est pas humain, j'y souffre énormément du dos, la faute aux mauvaises postures, à la position debout, au port de charges lourdes. Mais aussi au stress permanent. Les trois derniers jours où j'ai travaillé, j'ai enchaîné des rushes de fou, avec des horaires à la con 15h-01h15, 12h-22h30. En étant seule à la prise de commande, avec une rupture de stock sur la moitié de nos produits, en mode "fusible" entre les clients d'un côté, les collègues de la cuisine en galère de l'autre et le pauvre manager qui était bien navré pour moi mais n'y pouvait rien. Pourtant je suis plutôt bonne dans mon taff. Je le fais avec rigueur et investissement, je suis souriante, agréable, j'ai eu de nombreux compliments des supérieures. L'ambiance entre collègues est bonne, les gens sont chouettes et solidaires.

Mais me péter le dos, les pieds ( les sur-chaussures ne sont pas adaptées, elles me font des ampoules et des ongles incarnés), les nerfs, être épuisée tout le temps pour 400 balles par mois... Franchement ça ne vaut pas le coût.

Le mardi il y a deux semaines, ça allait mieux pourtant, j'avais passé un bon week-end (lundi-mardi), j'étais réposée. Ma mère m'a demandé quels étaient mes horaires du lendemain, j'étais en train de lui répondre quand j'ai senti un vieux crac rouillé dans le bas de mon dos, suivi d'une douleur bien perçante et j'ai reconnu ma vieille amie lombalgie.

Pépito a déplié le canapé en bas, et le lendemain au réveil je ne pouvais plus sortir du lit.

4 jours vraiment compliqués, complètement bloquée, à galérer pour tous les gestes de la vie quotidienne. Puis une semaine un peu mieux, mais je suis toujours douloureuse, ça en devient presque intolérable quand je conduis. Je ne peux pas marcher très longtemps, ni rester assise sur une chaise et je galère pour certains gestes du genre vider le lave-vaisselle (tannt piiiiiiiiis pour Pépito!!)

Je n'ai pas pu aller à ma formation de 4 jours à Bordeaux, j'étais dégoûtée mais je ne regrette pas d'avoir choisi de rester, vu mon état après 10 min de voiture avant-hier, j'aurais été incapable de faire 2h30 de route il y a une semaine.

Mais en ayant raté ce cours, je devais attendre un an avant de pouvoir reprendre ce module qui est celui que je préfère. Hors de question, alors je me suis inscrite dans une autre école, dans le pays Basque, un peu plus près de chez moi (30 minutes de moins de route), avec des logements moins chers. On verra bien ce que ça donne. J'ai sûrement des choses à prendre là-bas.

Ne pas résister aux changements qui s'annoncent. Les accompagner, m'y sentir au mieux car ils sont nécessaires, pour moi, pour ma femme intérieure.

J'ai aussi eu bien le temps de prendre conscience du fait que je vais devoir trouver un autre boulot avant de pouvoir être kinésiologue. J'avais déjà décidé de me former à l'hypnose, pour avoir un outil supplémentaire. Je vais probablement m'y mettre plus tôt que prévu, avant même d'avoir fini ma formation de kinésio. Il faudra bien que je bosse avant, deux ans c'est long.

J'ai repéré des écoles.

Mais bien entendu, c'est trop cher. Et pour le moment je ne touche rien, Pépito ne touche rien, nous n'avons strictement aucun revenu, je vis sur l'argent qu'il me reste de la vente de mon appart, ça se réduit à vue d'oeil, comme la banquise.

Aujourd'hui, je ne peux évidemment pas mettre 5000 balles dans une formation. Et ça me troue le bide de voir que je n'ai droit à rien, à aucune aide, alors que tellement de gens ont accès à de l'argent, par des aides, Pôle Emploi, ou leurs maris-parents blindés de thunes.

Moi j'ai rien. Pas de porte à ouvrir si j'ai besoin.

Et c'est injuste.

Je sais que cette formation, ce métier me permettront de faire le bien autour de moi, d'aider des gens, de faire de l'accompagnement, je sais que je suis bonne là-dedans. Tellement de gens utilisent leurs aides pour glander, se la couler douce, ou faire des trucs sympas ou qui rapportent, mais qui n'aident pas le monde à aller mieux. Tellement de gens ont des parents qui peuvent leur prêter, voire leur donner de l'argent pour payer leurs études, et n'en font pas, ou passent leur vie à essayer des cursus qu'il abandonnent en cours de route.

Et c'est tant mieux pour eux, mais c'est injuste, moi je n'ai pas ça, je n'ai pas eu la chance que mes parents me paient mes études, et encore aujourd'hui, je ne peux compter que sur moi-même pour sortir 5000 balles du chapeau.

Je suis allée à une soirée de découverte sur l'hypnose et la PNL et en sortant, j'étais persuadée de vouloir faire ça, mais très en colère, contre ce que je vis comme une injustice.

Et je sais que je me plains la bouche pleine, parce que regarde où je suis là maintenant, sur un canapé, avec du chauffage, un ordi sur les genoux et blindée de cortisone et de codéine que je n'ai payées que 6€50 grâce à ma mutuelle. Et en vrai, je ne crache même pas sur les gens qui touchent des aides, juste à chaque fois que je discute avec eux, je sens comme une lame dans le ventre, un truc froid et désagréable, de l'aigreur, de la colère, de la jalousie pure et dure.

Mais je sais que c'est aussi comme ça que je deviens femme, en acceptant de ne pas avoir les mêmes chances que d'autres, et en me battant plus qu'eux, peut-être.

En me battant, en refusant d'accepter la fatalité, en m'indignant aux côtés de ceux qui ont encore moins que moi, comme les deux employées de chez lidl cet après-midi qui m'ont retourné le bide quand je les ai vues porter des cartons de boîtes de conserves à bout de bras. Je suis désolée de venir, d'entretenir ce système, avec tout ce que j'ai entendu sur les conditions de travail de ces gens. Mais je n'ai pas le choix, j'ai besoin de manger quand même. Et promis, dès que j'en ai les moyens, je ne viens plus là, je n'entretiens plus ce système dégueulasse qui ruine les lombaires des pauvres pour faire plaisir aux riches, à ces ordures puantes d'en haut, qui ne se rendent compte de rien, ou, pire, n'en ont strictement rien à foutre.

Voilà, ça c'est ma femme à moi, une femme indignée mais pas résignée, qui se bat, qui sème des graines dans les esprits autour, en espérant créer, entretenir, nourrir cette colère, cette révolte, celle des petits contre les grands, celle de ceux d'en bas contre ceux qui les exploitent.

Je suis cette femme-là.

Cette femme qui écrit aussi. Celle qui cherche à se connaître, mieux, encore plus. Celle qui avance, qui ne se laisse pas faire, qui prend des décisions, qui vit en conscience, qui médite, qui balance de belles ondes d'amour et de lumière dans le monde.

Petit à petit, le paon déploie ses plumes, pas pour séduire qui que ce soit, ou peut-être pour me séduire moi-même, être en accord avec cette femme que je suis, celle qui est là et se construit plume par plume.

Le Tarot l'a dit ce week-end : la Maison-Dieu, un changement important, une prise de conscience, un vrai renouveau profond.

J'accueille.

Mes amies sont venues passer 4 jours à la maison ce week-end. Quel plaisir de les avoir. Elles ont remis du mouvement, de la joie, un peu de légèreté.

Je me sens seule ici évidemment, je ne connais pas grand-monde, j'ai laissé tous mes amis à Nantes.

Mel est à 1heure de route, mais elle a un petit bébé et le soir ne rêve pas de venir boire une bière avec moi en ville, mais plutôt de se coucher tôt et de dormir au moins 4 heures d'affilée.

Le Gospel me manque, mon cercle social aussi. Mais c'est aussi de ma faute si je n'ai pas noué de relations amicales ici, tant que je ne savais pas avec certitude où on allait s'installer avec Pépito, je ne voulais pas me lancer dans une asso ou une activité particulière. A part aller au sport, je ne fais donc rien de social en dehors de la maison. Ca ne me ressemble pas.

Mais je n'ai pas d'argent pour m'inscrire quelque part de toutes façons. Il va falloir changer ça, trouver le truc que j'ai envie de faire.

Peut-être aussi accepter de me faire payer pour des séances de magnétisme, malgré mes réticences.

Cela fait plusieurs fois qu'on m'en parle, je sais que je vais devoir y penser plus sérieusement.

Accueillir les nouvelles vagues, qui forment ma nouvelle vie.

M'accrocher à la certitude que je suis bien protégée, bien entourée, aimée.

Déployer tranquillement mes plumes, une à une, pour briller un peu dans mon monde intérieur.

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Mademoiselle Na.
  • Mes histoires de chaussettes dépareillées, mes petites culottes en dentelle, mes longues conversations avec mon écureuil intérieur. Je cause, je papote, je bavarde, je m'épanche, je raconte. Na.
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