Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mademoiselle Na.
Pages
Archives
3 mars 2020

Le cul du canon... ou comment Mlle Na continue d'apprendre.

La Saint Valentin, c'est commercial, c'est une manoeuvre de manipulation des masses inventée par le Grand Capital pour faire dépenser aveuglément à Robert et Gérard la moitié de leur paie mensuelle dans un resto crade et un bouquet de fleurs pas de saison. Toussa toussa.

Pépito ne voulait pas la fêter.

Moi non plus.

Non, vraiment.

...

Ok, je rêvais d'un feu d'artifice avec mon prénom inscrit en lettres d'or dans le ciel, d'un bouquet de 100 roses rouges livré par un lama chantant "Ce rêve bleu", et d'un gâteau au chocolat en forme de licorne à paillettes dans lequel serait cachée une bague de fiançailles - the usual quoi.

Nannnnn, c'est naze la Saint Valentin, on n'a pas besoin d'un jour spécial pour s'aimer.

stvalentin

Pourtant, la veille du jour J, il m'a lancé "Habilles-toi maman, je te sors".

Ok, il a pas vraiment dit ça. On a joué à notre jeu préféré "Y a plus rien à bouffer, on fait quoi?", on a écrit 4 propositions sur des petits bouts de papier

( - on va au Bistro Régent ya une offre à 13 balles / - on bouffe des pâtes à rien / - on nique / - on s'incruste chez quelqu'un), qu'on a mis dans mon bol tibétain, et on a tiré au sort.

Après être tombés deux fois sur "on nique", on a fini par choper le papier du Bistro Régent.

Et nous voilà donc au Bistro, moi codéinée à mort parce que rester assise 1h30 était encore compliqué pour mon dos à ce moment-là, et Pépito content de fêter la Ste Béatrice, "pas comme tous ces connards qui vont payer leur menu le prix double demain soir ah ah ah les cons".

On a bien mangé, c'était gras - donc bon. Puis on est allés boire un verre de vin dans un bar où on pouvait rester debout, parce que vraiment mes lombaires n'étaient pas contentes.

Comme d'hab on a beaucoup discuté. Il y a eu une nuit y a quelques semaines où on s'est mis à parler politique-société-intelligence collective, on n'a pas vu l'heure passer, on s'est couchés à 6h du matin. Deux grands bavards avec des forts caractères, ça peut faire des étincelles. Mais cette nuit de discussion fut passionante et agréable!

Heureusement qu'on s'entend bien avec Pépito.

Déjà parce qu'on vit ensemble, c'est mieux, ahah.

Mais aussi parce que, quand même, on est sans vraie activité tous les deux, lui depuis bientôt un an, moi depuis un mois. On est donc 24/7 l'un sur l'autre, pas aidés non plus par le fait que mes potes sont loin, et les siens souvent débordés par leurs obligations de jeunes parents. Pas d'argent, donc pas d'actvitiés en dehors si ce n'est marcher 1h par jour et aller chez le kiné pour moi. Collés donc.

Et ça se passe bien! Bientôt un an de cohabitation, et je le désire tellement, j'apprécie nos petites soirées, j'adore son grain de folie, son corps et le son de sa voix. J'aime beaucoup faire la fête avec lui. Même rien que tous les deux, entre mon écureuil intérieur et ses douze personnalités, on se marre bien. C'est un bon pote en fait. En plus de savoir me faire vriller en un regard...

Je n'avais pas ça avec mon ex mari, qui était pantouflard à mort, feignasse, pas fêtard. Il a fallu attendre une dizaine d'années pour qu'il commence à devenir sociable, et à faire un peu la fête avec moi. Je détestais ça chez lui. Couche-tôt, adepte du dimanche entier passé devant Stéphane Plaza, difficile à bouger de son canap, incapable de proposer une sortie, un truc qui sorte un peu de l'ordinaire.

Pépito peut avoir ce côté grosse feignasse, mais il a aussi le goût de l'impro, de l'imprévu "allez viens on s'en fout on sort", et surtout il adore sortir, danser, faire la fête, manger gras, boire des bières et du rhum à outrance, rentrer à pas d'heure... Exactement comme moi .

Bon, aujourd'hui par exemple, c'était pas folichon folichon. Réveillés à 11h, câlins du matin, puis bien motivés par la tempête qui fait rage dehors, petit déj au lit, et comatage jusqu'à 14h. Si sa pote n'avait pas envoyé un message "je décolle de chez moi j'arrive dans 10mn", je crois qu'on serait peut-être encore sous la couette.

Quand la pote est repartie, je me suis mise à bosser sur un dossier pour une élève, pendant que Pépito geekait. Là il est monté jouer de la batterie, pendant que j'écris en regardant les trombes de pluie qui se déversent.

Hé ouais, il faut bien gagner un peu de sous maintenant que j'ai démissionné de McDo. Je pensais avoir du mal à me remettre en posture de prof mais finalement ça va.

J'apprécie vraiment le suivi que je fais avec une jeune femme qui prépare le concours d'instit. J'ai vraiment plaisir à lui partager ce que je sais de ce métier, à l'aiguiller sur ses propositions pédagogiques - et à corriger ses fautes d'orthographe.

Ca m'occupe l'esprit, ça remet mes neurones en marche, c'est bien.

Et ça fait une minuscule rentrée d'argent pour les petits craquages.

En ce moment, il y en a quelques uns. Pas facile de rester droite dans mes bottes et sérieuse dans mon régime quand ma petite mamie est à l'hosto depuis deux semaines entre la vie et la mort.

On est allés la voir jeudi dernier.

Mes potes Cé et Jacqueline étaient à la maison. Cé parce que je l'avais motivée à venir pour enregistrer son EP avec Pépito, et Jacqueline parce qu'elle m'a appelée mardi en mode " Je peux débarquer chez toi dans 7heures, je suis à la gare, ça va pas".

Mais mercredi, le médecin a annoncé à ma mère que mamie ne s'en sortirait pas. Je me devais de faire l'aller-retour pour lui faire un dernier bisous. Est-ce que je me le devais à moi d'ailleurs? A elle? A ma mère? Je ne sais pas. Je me souviens avoir détesté très fort mes oncles et tantes qui n'étaient pas venus embrasser leur soeur (ma tante adorée) avant sa mort.

Là, pourtant, je n'ai pas décidé tout de suite d'y aller. Déjà mon dos n'allait pas encore très bien, j'avais peur que l'avion me rebloque complètement. Et puis c'était plus facile à vivre de loin aussi. Depuis son hospitalisation, il ne faisait pas grand doute pour moi qu'elle ne retournerait effectivement pas à la maison de retraite. Quoique la première semaine, les médecins étaient plutôt confiants et rassurants.

Mais j'étais prête à entendre qu'elle était morte. Peut-être moins à la voir presque morte.

J'ai toujours eu peur des morts. Quand j'ai vu ma tante pour la dernière fois, elle dormait dans son lit aux soins palliatifs, en mode semi coma. Je n'ai pas réussi à la toucher. Son visage décharné m'a hantée pendant des années, et me revient encore parfois avec cette sensation de malaise dans le ventre. Je n'ai pas réussi à la toucher, j'aurais voulu (dû?) l'embrasser, lui tenir la main, lui chuchoter à l'oreille... Je ne sais pas de quoi j'avais peur exactement. Qu'elle meure? Qu'elle me regarde avec son regard de femme qui va bientôt mourir, un regard terrifiant un peu fou, loin mais pas assez? Peur d'attraper son cancer? Ah ah. Je ne sais vraiment pas.

Alors je suis restée pas trop loin de son lit, pas trop près parce que l'odeur était prenante, et je lui ai dit que je l'aimais, qu'elle pouvait partir en paix, que je ne l'oublierai pas.

Je m'en suis longtemps voulu d'avoir eu peur d'elle. Le temps s'est chargé de ma culpabilité.

Les presque-morts m'ont toujours fait un effet répulsif.

Probablement comme tout le monde.

Mais j'ai quand même décidé d'y aller, pour elle, pour ma mère, pour ne pas le regretter, parce que je sentais que c'était la bonne chose à faire. Ma mère a payé mon billet d'avion. Pépito m'a demandé 5 fois " Tu veux que je vienne?", ce à quoi je n'ai pas répondu. J'avais besoin qu'il me dise "Je viens", pas qu'il me le demande. C'est tordu je sais. Il n'a pas compris le message tout de suite, mais la veille au soir, il a vu que j'étais vraiment mal, et il ne m'a pas laissé le choix, il a pris ses billets. Heureusement qu'il était là, ça m'a vraiment aidée à tenir. A tenir mon rôle habituel de clown de service, qui ramène toujours un peu de légèreté, de vie, de distance dans les moments difficiles. J'ai bien tenu toute la journée, je n'ai pleuré qu'une fois arrivée à l'aéroport le soir pour rentrer. Bravo Mlle Na, tu es un roc, un cap, une péninsule, super.

En entrant dans l'hôpital, prise d'une grosse nausée, de sueurs froides. On était supposés acheter un sandwich et aller manger avec mamie dans sa chambre. Au lieu de ça, je me suis empressée d'aller rendre à Mère Nature mon petit déjeuner, en offrande sacrée dans les toilettes du rdc.

On est montés, les couloirs m'ont semblé interminables - inter/minables - et pourtant j'avais l'imrpression de marcher presque à reculons, tant je craignais l'arrivée dans sa chambre. Ma mère me dit "Vas-y, rentre en premier." " Euh nan, je crois pas, j'y vais derrière toi". Histoire d'avoir quelques secondes de plus.

On est entrés, j'ai mis mon masque de "youpi c'est trop chouette de mourir".

Mamie n'a pas semblé me voir au début. Elle était couchée dans son lit, semi-assise plutôt, comme le sont les gens qui vont bientôt y passer mais ne veulent pas partir. Très amaigrie, pâle. Sans son dentier. Je me rappelle que quand j'étais petite elle faisait exprès de l'enlever pour nous faire marrer ma soeur et moi. Une fraction de secondes, j'ai eu peur. Pas envie de la toucher. Mais je me suis fait violence, pour lui faire un bisous sur le front. Ne pas le faire aurait été trop étrange. Elle a eu l'air de me voir, j'ai lancé d'un ton trop enjoué " Surprise! je suis venue te voir!"; elle a eu un demi-sourire, a regardé Pépito (je pensais en moi-même "pourvu qu'elle ne le confonde pas avec mon ex"). On est restés 2 heures à peu près. J'ai raconté beaucoup de conneries, sur le cassoulet qui fait péter, sur mamie qui court après les médecins dans les couloirs. Elle était là sans être là, bizarre. Répétant en boucle les mêmes questions "mon oxygène? il est quelle heure? la porte est ouverte? je veux pas la télé. Il fait trop chaud ici". Ma mère lui a donné à manger son riz au lait.

Quand elle est sortie fumer sa clope je me suis retrouvée seule avec mamie.

Angoisse.

Et puis finalement ça s'est fait naturellement. Je me suis assise à côté d'elle et je lui ai donné la fin de son riz au lait. Je me suis occupée d'elle, je l'ai brumisée, je lui ai tenu la main. Et puis à un moment, elle m'a regardée vraiment, et elle a dit "je vais mourir.", j'ai eu un petit sourire triste et j'ai répondu "moi aussi je vais mourir un jour. Mais ça va aller.". Je ne sais pas si c'était bien, mais elle a fermé les yeux. Et puis, comme on l'a souvent fait ensemble, j'ai chanté les paillardes qu'elle m'a apprises.

Elle avait les yeux fermés, mais à un moment elle a souri, alors j'ai enchaîné "As-tu vu l'Guillaume au cul du canon? V'la l'canon qui pèteuhh.. Mamie, je me souviens plus les paroles, c'est quoi après? " Et ma mamie d'ouvrir les yeux, de sourire, et d'avoir cette petite étincelle dans l'oeil : "v'la le bonhomme sur l'cul", et nous avons fini en choeur "il s'est pris une balle juste dans l'trou du cul". Elle a souri, un vrai sourire qui était vraiment là. Et elle s'est endormie un peu après, alors que je chantais du Charles Trenet.

J'ai fait 2-3 manip' de magnétisme, pour apporter protection et sérénité du mieux possible, soulager ses douleurs au ventre et ses difficultés de respiration aussi.

Quand on est partis, elle s'est agitée "j'ai peur la nuit". J'ai pas pu lui refaire un bisous, mais je lui ai tenu la main encore un peu et je lui ai dit "A plus tard mamie, maintenant il faut te reposer, il faut dormir." Finalement, ça s'est plutôt bien passé, j'ai pu dépasser ma peur. Et une fois franchi ce cap, j'étais plutôt détendue. Dans l'acceptation. Espérant même qu'elle s'envole pour de vrai quand j'étais là, pour qu'elle arrête de souffrir.

Je suppose que ma spiritualité m'aide. "La vie est un départ et la mort un retour" selon Lao Tseu, toujours lui.

J'apprends, toujours.

bougie-andre-antoine-langlais

Mais elle se bat. 99 ans, une volonté de fer. Elle ne veut pas mourir, elle se bat comme une lionne. A son âge, avec toutes les pathologies qu'elle a, c'est absolument dingue qu'elle soit encore là. Les médecins l'ont dit " Avec elle, on ne sait pas!" . Héhé, ouais la mamie est coriace. Elle a toujours eu une peur panique de la mort.

Elle a souffert pas mal la semaine dernière, et a eu des angoisses, seulement soulagées par la présence de ma mère, qui est épuisée.

Depuis samedi, elle est sous morphine en continu. Et moins angoissée. Depuis deux jours, elle ne semble plus souffrir. Aujourd'hui, elle a même passé deux heures sur son fauteuil selon les aide-soignantes et mangé un peu plus que les jours précédents. Elle ne s'accroche plus désespérément à la main de ma mère, elle semble plus détendue... Est-elle en train de partir tranquillement? De nous la faire à l'envers en mode "hé nannn je reste!!"?

Personne ne le sait.

Mais en tous cas, c'est plus difficile pour moi de me tenir à mon régime alimentaire habituel, d'autant plus quand les filles étaient à la maison, elles qui ne connaissent pas le terme "allégé". Elles ont en plus un vrai don pour la cuisine, et leurs plats m'ont régalée!

J'ai donc appris avec une immense délectation à cuisiner un bouillon thaï aux crevettes et à la citronnelle ABSOLUMENT dément!!!

Ah, le plaisir des papilles, le corps dans sa sensualité.

Au rayon sensualité d'ailleurs, puisqu'on en parle.

Pour la fameuse Ste Béatrice donc, Pépito m'a offert un cadeau, bien emballé, caché sous une serviette. Passé le moment de "MAISONAVAITDITQUONSEFAISAITPASDECADEAUXTUABUSES", je l'ai ouvert. Pas reconnu la belle boîte noire ni la marque. Mais en ouvrant... OH MY GOD - c'est le cas de le dire.... le WOMANIZOR!!! Le sextoy dont j'entends parler comme étant un truc de fou depuis des années!! Pas celui de cette marque, mais un équivalent beaucoup moins cher.

Essayé dans la foulée.

J'étais assez sceptique par l'idée de me faire "aspirer" le clitoris. Les 4 ou 5 premières secondes, je n'ai rien ressenti de particulier. Mais au bout de ces 4 secondes.... MAMMA MIAAAAAAAA!

De la folie furieuse, un plaisir intense, direct, rapide, extrême, débordant, durant dans le temps, contre lequel on ne peut pas lutter.

A conseiller à toutes les femmes qui ont du mal à jouir!!! Validé, re-validé, sur-validé!

Et mon Pépito, rendu fou par le faire de me voir prendre du plaisir... Quelle joie, quelle chance, d'avoir avec moi cet homme qui veut m'aider à apprivoiser mon plaisir, à franchir les étapes de l'orgasme, et fait tout pour... C'est probablement aussi excitant que touchant.

"Thank you Life, thank you Love" #marioncotillard.

Thank you les amies aussi, les avoir m'a fait beaucoup de bien. Des balades en ville, un petit resto, des bonnes bouffes, de la musique (on a enregistré 3 morceaux yeahhhhh), des discussions, des câlins...

De la joie, de la vie, de la tendresse.

Ce soir, c'est poulet rôti au basilic thaï et purée de butternut. Demain kiné, et RDV pro pour un nouveau contrat de cours à domicile.

Jeudi nous partons à Paris, mon beau-frère nous laisse son appartement pour la semaine. Tant pis si on doit manger des pâtes encore plus que d'habitude, on prend des "vacances".

Après tout, la vie est courte, profitons-en.

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Comment va ta mamie depuis ..?
Répondre
Mademoiselle Na.
  • Mes histoires de chaussettes dépareillées, mes petites culottes en dentelle, mes longues conversations avec mon écureuil intérieur. Je cause, je papote, je bavarde, je m'épanche, je raconte. Na.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité