Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mademoiselle Na.
Pages
Archives
23 octobre 2020

Les vagues et les lames... Mlle Na cherche et trouve.

Le mouvement, les vagues, les lames de fond parfois, les lames qui font, les larmes dans le fond, et celles qui te fondent dessus, les lames sur lesquelles tu te fondes.

Mamie est morte, dans sa chambre de maison de retraite, entourée par des aides-soignantes, sans ses proches parce que, confinement oblige, personne n'a eu le droit de venir la voir les 5 derniers jours de sa vie. Elle criait parait-il, "Il faut qu'ils viennent". Au téléphone, elle ne comprenait pas.

Inhumée sans cérémonie, sans fleurs, sans personne. Avoir tenu si longtemps, pour partir comme ça, c'est presque ironique.

Je n'ai toujours pas trouvé le courage d'aller mettre des fleurs sur sa tombe.

Le confinement, sacrée expérience. Malade pendant 3 semaines, covid ou pas on ne saura jamais j'imagine. Les attaques de panique ont commencé début mars. Jusqu'à prendre beaucoup d'ampleur.

J'étais épuisée en permanence, sans rien faire. Pas d'appétit. Des sensations d'oppression en permanence dans la poitrine, l'impression d'être en train de mourir.

Assaillie par les angoisses, replongée dans l'atmosphère pesante, enfermante, menaçante de mon enfance. L'extérieur fait peur, la menace est partout, je vais mourir, je ne respire plus, respirer c'est dangereux, les autres sont dangereux, ils sont menaçants. Ils vont me faire mal. Je n'avais jamais connu un tel état psychique.

Il a donc fallu trouver des solutions pour aller mieux. Ca a commencé avec un appel un soir à une ligne d'écoute active, un truc mis en place gratuitement pour aider les gens pendant le confinement. L'heure suivante, je prenais RDV avec une psy par visio.

A la fin de la première séance, sa phrase " Beaucoup de violence quand même" m'a fait un choc. Je ne m'étais jamais rendue compte, ou autorisée à me rendre compte de la violence vécue.

Y a toujours plus grave, n'est-ce pas.

Il ne m'a pas violée, enfin pas vraiment.

Il a juste frappé mon père devant mes yeux de petite fille. Frappé ma grand-mère, les bleus sur ses bras, elle a toujours eu la peau fragile. Violé ma tante. Probablement ma mère. Failli me fracturer les doigts quand, toute petite, je jouais avec un truc dans un tiroir et que le bruit l'a agacé, il a refermé ce tiroir d'un coup de pied sur mes doigts que j'ai eu le temps de retirer au dernier moment. Ce type menaçant en permanence. Ne sois pas trop parfaite, tu vas l'attirer vers toi. Ne sois pas trop imparfaite, s'il ne t'aime pas, tout meurt. Sois désirable, ne sois pas désirable.

Mon père ne m'a jamais frappée. Il a passé sa vie à m'humilier, à me ramener à mes imperfections, à me recentrer sur les dangers, la menace permanente autour, tout autour, partout.

Ma mère ne m'a pas frappée, elle a fait peser sur mes épaules le poids de sa dépression, ses tentatives de suicide, ses hospitalisations en HP. Vérifier les plaquettes de médicaments pour savoir combien elle en a pris. Vérifier le nom des médicaments pour savoir s'ils sont potentiellement dangereux. Trembler en rentrant de l'école, prendre l'habitude de vérifier d'un coup d'oeil s'il y a une lettre de suicide sur la table.

Et cette fois où elle a essayé de se suicider dans le lit de mort de son propre père, tu sais, le violeur d'enfants, elle m'a juste mis dans le crâne que si l'autre meurt, l'autre étant bien entendu l'homme, je dois mourir aussi.

Y a toujours plus grave. Y a plus grave encore, que je ne dis pas.

Plus grave que de devoir se construire seule.

Plus grave que de vivre en permanence sous menace, en ostracie, reclue. Plus grave que d'avoir peur d'être responsable de la mort de sa mère.

Y a plus grave.

J'ai eu besoin de solutions quand même, pour arrêter d'avoir mal. Arrêter ces angoisses permanentes, ces crises de panique le soir, ces oppressions de la poitrine.

J'ai pris des médocs, un peu, ça aidait mais c'était pas suffisant.

J'ai vu la psy toutes les semaines, et j'ai vraiment beaucoup appris sur  moi, ça m'a permis de mettre des mots, et de recadrer des choses autour de moi aussi.

J'ai découvert des méthodes de gestion des émotions, l'EFT, Tipi.

Je me suis mise à la méditation de pleine conscience avec discipline. J'ai aidé les autres, ça m'a fait beaucoup de bien.

En juin, il y a eu une ou deux formations kinésio, mais je n'ai plus l'argent pour continuer, j'ai dû mettre en pause. Me résigner à reporter mon rêve.

L'été n'a pas été très doux. Beaucoup de stress chez moi, et chez Pépito, l'angoisse de l'avenir, le RSA qui fond comme neige au soleil parce que la CAF s'est trompée dans ses calculs et qu'on doit leur rembourser 500 balles...

Pépito qui ne trouve pas de travail, qui se débat avec ses propres angoisses. Une période compliquée, j'étais en colère contre lui, de ne pas se bouger, de ne pas chercher de solutions à ses problèmes. C'est passé avec une bonne discussion. L'immobilisme, ça me rend dingue. Tu vas mal ? Bah cherche, essaie des trucs, tente, ou alors arrête de te plaindre! Arrête de me polluer avec ta déprime, ta colère, ton sentiment d'injustice.

Je me retrouvais avec le type de mec qu'était mon ex mari, un gars avec plein de problèmes qui se plaint mais ne fait rien pour aller rmieux.

Ca va mieux.

Il a recommencé à se bouger. Pour le moment ça ne donne rien. On a failli partir en Laponie, pour un taff incroyable mais ça ne s'est pas fait.

Du coup, j'ai emprunté de l'argent pour pouvoir passer une formation qui me permettait de travailler tout de suite, plus vite que la kinésio (il me faudrait encore un an et demi au moins en kinésio avant d'exercer). Je me suis donc tournée vers l'hypnose, j'ai eu mon diplôme.

J'aime ce métier, j'aime cette approche et les gens me disent que je suis bonne. Quelle joie, quel soulagement, de réussir mes examens. Quelle fierté de montrer mon diplôme à ceux qui disaient "euh tu vas quand même pas quitter l'Education Nationale, tu n'y arriveras pas, tu es folle". Oui, je suis folle, un peu. Mais je vous emmerde, je ne suis pas bonne à rien, je suis douée, et je sais que je vais faire de belles choses, j'en fais déjà. J'ai écouté mon intuition, comme d'habitude,et si ça vous décoiffe, c'est triste pour vous, laissez-moi vivre mon rêve. Je me démène pour. Je remue ciel et terre depuis un an, je travaille comme une acharnée, sur moi, sur l'environnement.

Encore un mois de formation et j'ouvre officiellement mon activité.

L'Education Nationale : ça avance, doucement, très doucement. J'ai eu un entretien en septembre, j'avais blindé mon dossier, les syndicats sont très confiants, et moi aussi, mais j'espère une réponse rapide (ah ah, quelle naïveté). La Rupture Conventionnelle, que je demande depuis janvier, me permettrait de toucher une indemnité suffisante pour rembourser une partie de mon emprunt, et surtout de prétendre au chômage, et pouvoir enfin avoir une rentrée d'argent sécurisante en parallèle de mon début d'activité. Voire même me faire financer une partie de la fin de ma formation de kiénsio... Croisons les doigts.

Pépito, de son côté, a enfin eu son dossier de demande d'indemnisation Pôle Emploi étudié (au bout d'un an et demi), et il va commencer à toucher l'ARE en novembre, vous n'imaginez pas la respiration que ça va être! On vivait sur nos réserves, et un peu sur la charité. Les réserves sont à zéro, et la charité, j'suis pas fan.

On va pouvoir un peu revivre. Pas encore complètement, mais c'est un début. Et ça lui redonne un coup de boost pour commencer une formation en janvier.

Je n'avais pas envie d'écrire ici, je ne sais pas pourquoi. J'ai beaucoup écrit pourtant ces derniers mois, mais pour moi toute seule, un carnet de bord des émotions, pour me permettre de les vivre pleinement, et pas de les ranger tout de suite dans la case "sous des mots".

J'ai tellement changé, tellement de choses ont évolué depuis mars.

J'ai grandi d'un coup je crois.

Prête même à l'idée de faire grandir un autre que moi.

On verra bien.

J'ai découvert l'orgasme aussi. Ca c'était dingue, quelle libération.

Peut-être bien qu'en fait je suis devenue cette femme que je voulais trouver. Cette femme qui n'a pas peur de rebattre les cartes, de se recréer une identité, d'être en harmonie, de créer de la congruence entre ses mots et ses choix de vie.

Cette femme qui accepte de se remettre en question, d'affronter ses croyances limitantes, de travailler sur elle, constamment.

Je suis fière d'être celle que je suis devenue.

Je vais continuer à apprendre, et je sais déjà que ma formation de novembre va remuer beaucoup de choses bien ancrées, mais ce sera pour le mieux, je suis forte, je suis capable, je l'ai déjà fait, j'ai toutes les ressources.

Et je m'autorise à réussir.

Comme le dit le proverbe : " Lorsqu'il n'y a pas d'ennemi à l'intérieur, les ennemis de l'extérieur ne peuvent pas t'atteindre."

Qu'il en soit ainsi, n'est-ce pas.

vague

Publicité
Publicité
Commentaires
Mademoiselle Na.
  • Mes histoires de chaussettes dépareillées, mes petites culottes en dentelle, mes longues conversations avec mon écureuil intérieur. Je cause, je papote, je bavarde, je m'épanche, je raconte. Na.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité